jeudi 11 février 2016

Portrait d'automne : Wilma

Je l’appelais  simplement Wil.
Wilma résonnait en moi comme Wilhelmine. Alors suivait le cortège des légendes teutonnes. Le mugissement du vent dans les forêts, les cris des hordes barbares, le chant des walkyries.
Elle disait : j’ai un prénom d’automne. Un prénom de chemin creux où craquent les bogues sous les pas des promeneurs ; un prénom de feu de bois et de châtaignes brûlantes.
Dans le miroir de ses yeux passaient des ciels d’or, des oiseaux blancs et des aurores boréales.

Je l’appelais simplement Wil.
Elle disait : j’ai un prénom en blouse paysanne et en robe du soir.
Je goûtais à froisser l’une ou l’autre.
Elle aimait à tournoyer aux bals des places en fête dans le sanglot clinquant des accordéons campagnards. Nous partions au petit matin, ivres de vin frais et de nos baisers sous les platanes. Elle faisait l’amour en fille de ferme ou en femme du monde, mais sérieusement, avec la conscience aigu de l’instant présent.

Je l’appelais simplement Wil.
Elle fredonnait des romances, passait les mains dans ses cheveux en riant puis, aussitôt après, parlait gravement du pays de ses pères.
Elle est partie un soir de septembre. Un septembre où l’automne hésitait à emboîter le pas d’un été tardif. Depuis, je suis entré dans un hiver qui dure. Les frimas se sont posés sur mon cœur et le givre étincelant borde mes lèvres closes.


1 commentaire:

  1. Bonjour, l'Arpenteur, je suis heureuse de te rencontrer ici. Je suis heureuse de rencontrer Wil. Elle est comme j'aime, je la vois fredonnant des romances et danser aux bals publics. Tu la fais vivre. Et mourir, peut-être...
    Très amicalement,

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