Sur
le flanc est, de hautes collines, presque montagnes, surplombent un Rhône
encore impétueux. Des plateaux d’herbes et de hautes futaies aux hivers rudes,
s’infléchissent au sud, vers la Haute Loire et l’Ardèche. Naguère des poignées
de jeunes gens croyant à la liberté, s’y sont battus becs et ongles.
A l’ouest, le granit affleure, et le temps a creusé des défilés qu’on dit "gouffres". Et puis, dominant une vallée industrieuse, une terre hésite entre la douceur méditerranéenne et la rudesse du massif central. C’est là que, près d’un col où dorment encore quelques vieilles fermes de pierres, s’est cachée mon enfance, dans ce coin du Pilat où je vais encore parfois pour laisser vagabonder mon âme. La nostalgie panse certaines plaies.
A l’ouest, le granit affleure, et le temps a creusé des défilés qu’on dit "gouffres". Et puis, dominant une vallée industrieuse, une terre hésite entre la douceur méditerranéenne et la rudesse du massif central. C’est là que, près d’un col où dorment encore quelques vieilles fermes de pierres, s’est cachée mon enfance, dans ce coin du Pilat où je vais encore parfois pour laisser vagabonder mon âme. La nostalgie panse certaines plaies.
Je revois
mon père qui sautait de pierre en pierre pour me faire rire, et me faire voir
comme il faisait à mon âge ; à cet âge où être triste est un pêché. On
écoutait les oiseaux qu’il reconnaissait. Du haut du Paraqueu, on cherchait le
toit de la maison : quelques tuiles rouges au creux d’un jardin, perdu
entre d’autres. On ramassait des champignons dont il savait tous les prénoms en
latin. Moi, le lendemain, j’avais une version et je ne savais rien.
Mes
souvenirs m’emportent. Je pense à Norbert et à Frédéric avec qui je peinais à
pédaler vers Chaubouret puis vers l’Oeillon. Dans les lacets de La Valla, vingt
fois j’ai remporté le tour de France. Frédéric est couché sous une pierre
grise. Norbert vit quelque part à Berlin ou aux Marquises. Tournent sans cesse
les saisons.
Je
me suis souvent promené solitaire, rêvant en regardant les traces cotonneuses
des avions qui dansent. C’était le temps ou je ne savais pas qui j’étais, sinon
un songe de vie. Ni passé, ni futur, à peine un présent, impalpable.
Il y
a encore les longues marches, garçons et filles, de Saint Martin à Jasserie.
Les fous rires n’en plus finir, et les airelles un peu acides qui coloraient en
bleu acier nos baisers à la dérobée. Baiser volés, baisers rendus. Plus tard,
un peu plus tard, au creux des chemins presque ignorés, les premières
gentilles, leurs jupes froissées, leur parfum de vanille. Là, se cache aussi
mon adolescence.
Il y
a l’odeur des pins, des feus de bois, de le terre humide, des étables sombres.
Il y a des cris lointains, les bruits de la vallée feutrés dans l’air du soir, les aboiements d’un chien dans les collines en face, le foin si riche de la fin du printemps. Sous un pin écrasé de chaleur, la Méditerranée sommeille dans l'odeur du serpolet. Quelques pas plus avant, une forêt profonde où frissonnent encore mes peurs enfantines. Et puis, somptueux décor, au détour d'un chemin ou d'un virage, les Alpes éclatantes viennent barrer l'horizon bleu.
Il y a des cris lointains, les bruits de la vallée feutrés dans l’air du soir, les aboiements d’un chien dans les collines en face, le foin si riche de la fin du printemps. Sous un pin écrasé de chaleur, la Méditerranée sommeille dans l'odeur du serpolet. Quelques pas plus avant, une forêt profonde où frissonnent encore mes peurs enfantines. Et puis, somptueux décor, au détour d'un chemin ou d'un virage, les Alpes éclatantes viennent barrer l'horizon bleu.
Ce
raccourci du monde n’est pas loin, ni mon enfance à laquelle j’appartiens.
La croix de Paraqueu |
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