mercredi 10 février 2016

Je me souviens de quelques chansons ...

Je me souviens de :
trois anges sont venus ce soir
m’apporter de bien belles choses
l’un deux avait un encensoir
l’autre avait  un bouquet de roses
quelques notes en sourdine et la voix de mon père au dessus de mon lit d’enfant, où volait une hirondelle blanche.

Je me souviens de :
La nuit est limpide
L’étang est sans ride
Dans le ciel splendide
Luit le croissant d’or
Un soir de juin. Un promenade dans la campagne proche. Une mare verte et les chants mélancoliques de quelque crapauds que nous ne dérangions pas. En bas, dans la vallée, les appels de paysans encore au travail, les aboiements des chiens dans les fermes et l’odeur si caractéristique des grands sapins avançant doucement dans la nuit. Et mon père encore, et sa voix de crooner.

Je me souviens de :
Sous les ponts de Paris
Lorsque descend la nuit
Tout un tas d’gueux se faufilent en cachette
Et sont heureux de trouver une cachette
Le dimanche matin je crois, une émission « la radio de papa ». Il écoutait quasi religieusement et chantait les yeux perdus. Ah que sa jeunesse était belle malgré la guerre, le maquis, le STO et l’armée du Rhin. Je pensais : que serais-je moi après autant d’années ?

Je me souviens de :
Nous avons vu les pas de notre Dieu
Croiser les pas des hommes
Nous avons vu brûler comme un grand feu
Pour la joie de tous les pauvres
Cantique nouveau alors, chanté avec tous les camarades de classe. Le jeudi matin il y avait la messe et nous y mettions tout notre cœur : à la fin c’était vraiment jeudi..

Je me souviens de :
Buvons encore une dernière fois
A l’amitié l’amour, la joie
On a fêter nos retrouvailles
Ca m’fait d’la peine, mais il faut qu je m’en aille
Les guitares sortaient des housses, les carnets de chants des sacs. En chantant, nous nous regardions simplement être heureux, garçons et filles, autour d’une vielle table en bois dans une ferme un peu perdue à flanc de colline. Le répertoire était vaste et nous tenait bien toute la nuit. Celle-ci était la dernière. Immuablement. Mais les rires duraient jusqu’au matin, pelotonnés dans les duvets.

Je me souviens de :
Au bord de la rivière
Margot, Margot
Mirait son p’tit derrière
Dans l’eau, dans l’eau
Sans doute le seul couplet d’une chanson « leste » que je pourrais citer ici. Des étudiants en goguette et éméchés chez « la Vévette » café restaurant de Caluire où on se retrouvait, braillards, paillards, extravertis, vulgaires et jubilatoires. L’âge où le vin grise et la vie plus encore.

Je me souviens de :
Sorrow, sorrow
Since you left me
Sorrow, sorrow
In my heart
Mort Schuman et sa voix grave et un peu cassée. La boîte pleine à craquer tamise les lumières. Elle est là dans mes bras, légère, aérienne. Son corps contre le mien. Ses dix-sept ans fiers et timides à la fois. Elle sait déjà les yeux émeraude, la finesse de la taille et la naissance dorée des seins où perlent des larmes de parfum. Ses lèvres se posent sur les miennes. Le monde n’existe plus. Elle est toujours là ce soir, ma douce, ma seule musique de vie, mon éternel amour.

Je me souviens de tant de musiques, de tant de chansons. Ma tête en est remplie et toujours je fredonne. Parfois je chante fort, très fort même, toute honte bue. Les êtres disparus qui ont peuplé ma vie me reviennent en musique et m’accompagnent encore. Les évènements gais ou tristes qui l’ont émaillé demeurent aussi en musique. C’est ainsi.

Mes souvenirs se chantent, et mes regrets aussi … vous voyez, je ne peux pas m’en empêcher …


1 commentaire:

  1. Voilà un billet qui me parle !
    Les carnets sortaient des sacs...les guitares sortaient des housses...
    Ça ne m'a pas quitté cette fièvre.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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