mardi 9 février 2016

Hommage à Jean Ferrat

De plaines en forêt, de vallons en colline, on arrivait immanquablement à cette vieille ferme au milieu de nulle part. Des nuits entières à nous regarder chanter, être heureux et vivre nos seize ans. Nous, les guitares, les harmonicas, et puis Brassens, Brel, Alwright et tous les autres. La montagne était belle en ces nuits là, et l’automne si loin. Bien trop bourgeois pour manger cervelles d’évêque et foies de militaire, nous chantions « le déserteur », sérieusement … pauvres petits cons, et pauvre Boris. 

Quand le feu mourait doucement, nous nous pelotonnions dans les duvets, le nez dans les étoiles et nos illusions à fleur de cœur. Les mains se frôlaient, parfois les lèvres aussi. Les filles étaient trop sages encore, mais la sainte Vierge des églises ne souriait pas mieux qu’elles. Un jour nous dormirions ensembles. C’est si peu dire qu’on s’aimait à perdre la raison. 

Que la nature est belle mais que le cœur me fend. Hier, un poète rebelle a été mis en terre avec son rêve modeste et fou, mais son étoile brille haut dans le ciel. Il ne chantait pas pour passer le temps ; nous, si. 

Que serons-nous sans toi ? Ce doit être cela la douleur du partir


Ma France


4 commentaires:

  1. Jean Ferrat nous manque beaucoup ...

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  2. Il y avait sa femme aussi, Christine Sèvres...

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    1. Bien sur, mais Christine Sèvres était peu connue (par rapport à Ferrat). Elle avait une voix superbe et la seule chanson qui l'a fait connaître au "grand public" est celle en duo avec Ferrat : La matinée : https://www.youtube.com/watch?v=C5nWVId9vxY

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  3. et également "nous dormirons ensemble" texte d'Aragon ... https://www.youtube.com/watch?v=CMTcLwAR3qI

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