jeudi 7 avril 2016

Un retour mouvementé

Aube immaculée, longue barbe blanche inspirant inévitablement le respect, le chef de chœur attendait que le calme s’installât
Sa voix puissante retentit alors :
- Bon, alors, c’est d’accord. tout le monde sait ce qu’il a à faire et connaît sa partie ?
- oui répondit le chœur en chœur.
Les Séraphins, les Vertus et les Chérubins assuraient les voix de soprano, les Principautés, les Trônes étaient les alti et les ténors, les Archanges les barytons et enfin, les Dominations et les Anges les voix de basse.
- alors, il arrive ? Demanda le chef à l’attention de l’huissier.
- oui, oui, le voilà.
- allez, 1, 2, 3 :
- happy birthday to you
happy birthday to you
happy birthday to you, Jésus
happy birthday to you

Le ciel tremblait de ces milliers de voix cristallines ou puissantes.
Jésus les regarda, hagard. Dans son linceul blanc, il paraissait encore plus pâle. Ses mains et ses pieds transpercés, son côté traversé par la lance du soldat le faisaient encore souffrir

- bon 33 ans, mon fils, fit le chef.
- mais nom de Toi, qu’est-ce que c’est que ce cinéma. Ca fait plusieurs jours que je te prie, que je t’appelle à mon secours. Que dalle. On peut crever la bouche ouverte. Rien, pas un ange, pas un archange. Gaby qu’est-ce que tu foutais, nom de nom ?
Le Gaby en question regardait le sol, à moitié caché dans ses immenses ailes.
- pour les missions facile genre parler à ma mère, t’es là, droit dans tes bottes, OK. Mais pour le coup de main, merci !
Le chef reprit :
- Mais mon fils, on préparait ton retour.
- Tu te fous de moi. T’as pas vu le bordel que c’est en bas. Tu t’occupes à faire chanter les évaporés et moi, j’peux me brosser. Merci !
- Parles pas comme ça. Tu sais bien que tout le monde est à ta dévotion ici.
- Ben on dirait pas. J’ai morflé j’te raconte pas
- Mais c’est pour le salut des hommes.
- Si tu t’en étais occupé un peu mieux depuis le début, ils en seraient pas là. Bon allez, j’vous en veux pas à vous tous ; j’vous aime bien au fond.

Un colossal soupir de soulagement écarta les nuages. Des conversations murmurées reprirent même.
- pas facile le fils du boss.
- qui a dit ça ? Qui a dit ça ? Hurla jésus.
- c’est moi, fit la petit voix de l’huissier.
- alors toi, je t’avertis : y a un mec qui va pas tarder à débarquer et qui va superviser ton boulot. Tes dossiers on intérêt à être en ordre, sinon va y avoir avis de tempête, c’est moi qui te le dis. J’ai l’impression que n’importe qui est entré ces derniers temps.

Jésus gratifia la cantonade d’un regard noir.
- Je vais me pieuter. J’suis mort, tiens et pas encore ressuscité !. Et dans trois jours j’y retourne ! Y’a une bande de nases là bas ; j’sais pas comment je vais me débrouiller avec tout ça. Allez, ciao et merci à tous quand même …
- Et ton cadeau ; t'ouvres pas ton cadeau ?
- C'est quoi ? fit Jésus vaguement inquiet.
- Une perceuse/visseuse ... désolé, j'pouvais pas prévoir.
- Non mais vraiment ... J'crois plus en rien moi, tiens !

Il remarqua sur son épaule une coccinelle qui l’avait sans doute accompagné depuis la terre. Il la prit délicatement sur le bout de l’index et la regarda s’envoler, un peu ému :
- Toi au moins t’es fidèle, une vraie petite bête à Bon Dieu.

- Fiston ?
- Quoi encore ?
- T’as pas soufflé les bougies, je comprends, mais tu prendras bien un peu de gâteau quand même. Ou alors je t’en garde pour demain matin.
- On verra. C’est quoi ton gâteau ?
- Au début j’avais pensé à faire celui aux fruits de la passion. Et finalement j’ai opté pour celui avec le Nutella.
Jésus sourit.
- Avec le Nutella ? bon alors d’accord !



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