dimanche 17 avril 2016

La vie est un sport d'endurance

J’ai essayé d’écrire ce texte sur la musique de «La Supplique pour être enterré sur la plage de Sète» de Georges Brassens, à qui j’ai de surcroît, volé quelques tournures.
Que le bon maître me le pardonne.''


A peine es-tu sorti du ventre de ta mère,
Que tu entends déjà propos et commentaires,
Des prophètes et des imbéciles,
Venus pour se pencher au-dessus du berceau
Et donner leur avis sur le petit nouveau,
Fées ridicules et futiles.

Il sera caporal comme Napoléon,
Il sera général déclare l’oncle Léon,
Voyez combien il me ressemble,
Plutôt apothicaire pour le cousin Catule,                         

Ou même fonctionnaire espère la tante Ursule,
Jolies perspectives il me semble.

Depuis la maternelle jusqu’à la faculté,
De tous ces beaux parleurs, tu devras supporter
Les principes et les critiques,
« Il te faut travailler pour bien gagner ta vie
Et tu pourras t’offrir une maison jolie »
Toi qui ne rêves que Tropique.

Si le hasard t’a fait une enfant de Vénus,
Lorsque tu atteindras tes dix-sept ans au plus,
Les garçons pour te dire leur flamme
Mettront genou à terre, te feront des promesses,
Je t’aime, je t’adore, juste pour voir tes fesses
Et au matin, bonsoir Madame.

Pour un peu que tu aies la conscience civile,
Tu voudras écouter, pour choisir tes édiles
Leurs discours et leurs fariboles,
Tu sauras au travers de leur flagornerie,
De leurs accents sacrés au nom de la patrie,
Qu’ils n’attendent que ton obole.

Si dans la religion, tu cherches des raisons
D’espérer pour ton âme un peu de compassion,
Tu comprendras que pour chacune,
L’Evangile et la Bible, la Torah, le Coran,
Soutane ou djellaba, Kippa ou bien turban,
Il n’est de bonheur que posthume.

Quand de la société, avec obstination,
Tu graviras enfin le dernier échelon,
On admirera ton courage,
Alors tu recevras, et la main sur le cœur,
Emu, le grand cordon de la légion d’honneur,
De ta renommée l’apanage.

La camarde viendra aux dernières lueurs,
Souffler à ton oreille que pour toi il est l‘heure,
Il faut tirer ta révérence,
Mais là point de discours et point d’atermoiement,
La Faucheuse est exacte et ne perd pas de temps,
Il est plus tard que tu ne penses.

Et tu écouteras, couché dans ton cercueil,
La petite Isabelle, écrasée par le deuil,
Avec une grâce infinie,
Les yeux baignés de larmes, dire ton panégyrique,
Et toi tu penseras, un peu mélancolique,
«La comédie est bien finie. »

Alors que tu n’aspires qu’à la paix sépulcrale,
Sur les coups de minuit, dessous la pierre tombale,
Soudain entreront dans la danse,
Le vieux tonton Léon, et la cousine Hortense,
Et puis la tante Ursule, et sa fille Clémence,
Pour les fâcheux, point de vacances

Le vieux tonton Léon, et la cousine Hortense,
Et puis la tante Ursule, et sa fille Clémence,
Pour les fâcheux, point de vacances.





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