vendredi 23 septembre 2016

Silence


J’avais dans le cœur les forêts primaires où s’ensommeillent les nuages, les pluies torrentielles, et les éclairs métalliques des orages barrant les horizons lointains.
Tu avais sur la peau les langueurs des îles poudrées d’or, les ailes fragiles des grands oiseaux qui se posent et les parfums des alizés poètes.
La nuit souveraine refermait peu à peu sa main gantée d’ombre sur le monde, et le monde s’évanouissait.
Seuls comptaient sur mes lèvres, tes lèvres et sur mon corps, ton corps.
Il n’existait plus rien alentour.
La fenêtre grande ouverte sur un ciel bleu noir se piquetant d’étoiles, laissait passer le soupir léger du soir finissant. Les rideaux de lin devenaient voiles et je voyageais éternel sur ta carte du tendre. Notre désir était vaisseau ayant brisé les amarres du temps. Nous voguions avec lui, ivres de liberté, ivres l’un de l’autre.
Après longtemps, nous sommes allés voir l’obscurité des collines et les silhouettes brunes et mouvantes des grands arbres des lisières.
Au contrejour d’un pinceau de lune tu parus, déesse antique appuyée au rebord de l’infini.
Une effraie traversa l’espace qu’elle lacéra d’un cri bref.
L’air ouaté referma sa blessure et nous avons goûté la chaude douceur de notre première nuit d’amour.

1 commentaire:

  1. Je suis devenue celle à qui tu parles, et j'ai fermé les yeux, éblouie.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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